J'avais confiance... (5)

Publié le par Aby

Des heures. Des jours, des nuits. Des semaines. Des mois... des saisons. Dans la cour du lycée, le cerisier qui fleurissait, sans que je puisse le voir. Adèle qui devait se poser de nombreuses questions ; Adèle, ma meilleure amie, qui m'avait mise en garde et qui n'avait eu aucune confiance en Jacob, elle. Mais, vous comprenez, elle ne savait pas ce que c'était, elle.

 

Si je l'avait écouté, je n'aurai pas vu tous ces hommes entrer dans la maison. Toutes les heures ; mon front brûlant posé sur le carreau de fenêtre, seul contact de ma salle de torture sur le monde (à part ses corps répugnant et suintant l'odeur de tabac et la saleté).

Et mes yeux qui regardent les clients, qui rentrent, qui sortent, comme on rentre dans une supérette pour acheter une baguette ; les habitués : l'Imperméable bleu, le Moustachu. Les noms que mon inconscient donnait à mes agresseurs, car ma tête n'avait plus le courage de fonctionner normalement. Ils ouvraient la porte. Et ça recommençait, encore, encore cette injustice à une jeune fille, à une innocente qui avait juste un corps, un esprit simple et léger qui n'avait rien demandé, et dont on pensai que ce corps était un jouet à disposition des envies des autres. Je suis au milieu de tout ça, je suis une victime. Je répugne à le dire, à l'écrire, à le penser, à en avoir l'idée, mais... je suis une victime. Du monde, des pédophiles, de l'injustice. Je n'arrive plus à me faire sourire quand je suis triste comme avant, là, c'est trop grave. Trop blessant. Inéfacable. 

De toute façon... ABSOLUMENT rien à faire! Rien, j'ai tout essayé. J'ai inspecté chaque recoin de ma chambre : tout est trop bien fait et trop bien soudé.

J'ai evalué la hauteur : impossible de sauter ou de descendre à l'aide du mur, je me fendrai le cou (ce qui ne serait pas plus mal que de subir toutes ces immondices...) Mais ma chambre est souvent surveillé : un mec qui m'observe par un trou dans la porte. Impossible de s'évader. 

Une fois, quand un client ouvrit la porte pour rentrer dans ma pièce, j'ai vu dans le couloir une très belle fille, tartinée de maquillage. Encadrée de ses bourreaux, elle m'a sourit comme si j'étais sa soeur; Je venais d'arriver, ça m'avait fait peur... Dans ce sourire, il était marqué : tu es là pour très longtemps...

 

 

JACOB! JACOB! Putain, Jacob! Je fondit en larmes, alors qu'un client claquait la porte derrière lui.

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